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Perspectives autochtones : l'invité surprise

Une surprise spéciale

Dani était très excitée à l’idée d’aller à l’école aujourd’hui. Son professeur leur avait dit que leur classe se joindrait à quelques autres classes. Ils se réuniraient après la récréation pour une surprise spéciale, un invité qui viendrait jouer du gros tambour avec eux! Dani aime tout ce qui concerne la musique, en particulier le tambour et le chant. Elle était impatiente de voir qui était l’invité surprise.

Lorsque tous les élèves se sont installés après la récréation, Mme Blanken a présenté l’invité : « Je suis très heureuse de vous présenter un de mes amis chers de la Nation Xaxli’p, l’aîné Fred John. Il aimerait partager quelques chansons et un peu de son histoire avec vous. » Dani n’avait jamais rencontré l’aîné Fred, mais elle avait entendu Mme Blanken parler de lui et du fait qu’il était un aîné respecté et un guérisseur. L’aîné Fred voulait rencontrer chaque élève avant de commencer. Tout le groupe s’est levé en cercle pendant que l’aîné Fred les conduisait à travers une cérémonie de purification où chacun des enfants a pu utiliser une plume d’aigle pour se purifier. C’était vraiment amusant! Après, ils se sont présentés à tour de rôle et ont discuté de comment ils se sentaient aujourd’hui. On avait l’impression qu’il se souciait vraiment de ce qu’on lui disait.

L’histoire de l’aîné Fred

L’aîné Fred a expliqué comment, lorsqu’il était tout petit, il avait perdu ses parents à cause d’une maladie appelée la tuberculose. Après la mort de ses parents, il a été élevé par sa tante et son oncle jusqu’à ce qu’il soit emmené au pensionnat indien. Il a ensuite été hospitalisé dans un hôpital indien près du pensionnat. « Quand j’avais six ans, j’ai été hospitalisé à l’hôpital de Coqualeetza, un hôpital indien de Chilliwack, en Colombie-Britannique, parce que j’avais la tuberculose dans le poumon gauche. La tuberculose est une infection qui affecte le plus souvent les poumons et qui cause une toux sévère. Je me souviens d’avoir monté les escaliers de l’hôpital et ils m’ont montré ma chambre. Je devais rester au lit, année après année, parce qu’à l’époque, il n’y avait pas de médicament pour guérir la tuberculose, seulement le repos au lit. Lorsque ma situation s’est améliorée, ou semblait s’améliorer, ils m’ont transféré au pensionnat. Pour surveiller de près ma tuberculose, ils m’ont gardé à l’école pendant que les autres élèves rentraient chez eux pour les vacances d’été et de Noël. J’ai perdu ma sœur à cause de la tuberculose à l’âge de neuf ans. Je n’avais pas pu la voir depuis que nous avons été emmenés au pensionnat lorsque j’avais quatre ans et qu’elle en avait sept. C’était une période triste dans ma vie, mais j’ai appris à toujours voir le positif dans le négatif puisque voir seulement le négatif est très facile. Il faut changer cette pensée. C’est ce que je dis aux gens. Tu ne peux pas toujours prendre la voie facile. »

L’aîné Fred a sorti son gros tambour : « Ce tambour est un tambour de guérison. Il a le pouvoir de clarifier les idées des personnes et de les aider à retrouver l’équilibre. Le tambour a joué un grand rôle dans ma guérison. » Tous les jeunes étaient excités d’apprendre qu’ils pourraient jouer du tambour aussi! Tout le monde s’est assis à tour de rôle avec l’aîné Fred autour du tambour. C’était un cours très amusant. Avant de partir, il a donné à tous les élèves un exemplaire du livre sur sa vie. L’aîné Fred est tellement courageux et si sage.

Tant de questions

Le lendemain en classe, plusieurs enfants avaient des questions sur l’histoire de l’aîné Fred et sur la tuberculose. « Quels sont les symptômes? », a demandé Sandy. « Comment peut-on l’attraper? », voulait savoir Taylor. « Tant de bonnes questions! », a déclaré Mme Blanken, « Je suis très heureuse que vous ayez tous eu la chance de lire le livre de l’aîné Fred! C’est tellement bon de poser des questions et d’acquérir des connaissances. Peut-être devrions-nous demander à l’aîné Fred de revenir nous rendre visite pour nous parler davantage de ce qu’il sait au sujet de la tuberculose. Je pourrais aussi rassembler des renseignements auprès de Rose, l’infirmière en santé communautaire de la Nation. À nous trois, nous devrions être en mesure de répondre à vos questions. » Les élèves semblaient heureux d’apprendre qu’on répondrait à leurs questions et, encore mieux, qu’ils reverraient l’aîné Fred.

La collecte d’information

La semaine suivante, l’aîné Fred est revenu visiter le groupe et a répondu à certaines de leurs questions. Il a expliqué qu’un grand nombre d’enfants autochtones ont été retirés de leurs familles et forcés d’aller dans les pensionnats contre leur gré. Plusieurs enfants ont contracté la tuberculose dans ces pensionnats. Parfois, plus de la moitié des élèves étaient atteints de la tuberculose. En vertu de la Loi sur les Indiens, il était légal d’emmener les enfants autochtones que l’on croyait atteints de tuberculose dans les hôpitaux indiens, où ils pouvaient être éloignés de leur famille pendant de nombreuses années. Plus tard, on a découvert que certains de ces enfants n’avaient jamais eu la tuberculose. « On m’a emmené au pensionnat avant mon cinquième anniversaire », a-t-il expliqué à tout le monde. « Le stress d’être loin de nos familles, de même que les conditions de vie surpeuplées et le manque de nourriture et de soins de qualité ont rendu très difficile pour notre système immunitaire de lutter contre des maladies comme la tuberculose », a ajouté l’aîné Fred.

Alex a levé la main. « Oui Alex? », a dit Mme Blanken. « Est-ce qu’il existe des médicaments pour guérir la tuberculose? », demande Alex. « Oui, il existe maintenant des antibiotiques qui sont un traitement efficace contre la maladie. En fait, je devrais dire pour la plupart. Certaines souches de la bactérie sont devenues résistantes aux antibiotiques à la suite d’une surutilisation générale des antibiotiques. Heureusement, ces souches ne sont pas très fréquentes au Canada, mais elles peuvent l’être ailleurs dans le monde. C’est important de promouvoir le bon usage des antibiotiques si nous voulons avoir des traitements qui fonctionneront pour les prochaines générations. Nous devons utiliser des antibiotiques seulement lorsqu’ils sont nécessaires pour éviter que les bactéries ne s’adaptent pas pour survivre aux antibiotiques. Prendre soin d’utiliser les antibiotiques de manière responsable est ce qu’on appelle faire bon usage des antibiotiques. Cette bonne gestion des antibiotiques aide à nous assurer que nous aurons des antibiotiques pour traiter des maladies graves dans le futur. »

Dani a demandé : « D’où vient la tuberculose? Est-ce que je peux l’attraper maintenant? » Mme Blanken a expliqué : « La tuberculose existe depuis des milliers d’années, et des millions de personnes dans le monde en sont mortes. La tuberculose a d’abord été introduite par les Européens lors de la colonisation, et elle était l’une des causes principales de décès chez les peuples autochtones. À la fin des années 1800, les scientifiques ont découvert que la maladie était causée par les bactéries tuberculeuses. Ils ont également découvert que les bactéries tuberculeuses se trouvant dans les poumons se transmettaient d’une personne à l’autre en toussant ou en partageant le même espace avec une personne atteinte de la maladie. Rose, l’infirmière, m’a dit qu’il existe deux types de tuberculose : la tuberculose latente (dormante) et la tuberculose active. La forme latente signifie que tu as la bactérie dans ton corps, mais tu n’es pas malade et tu ne peux pas la transmettre aux autres. La forme active signifie que tu es malade et que tu peux la transmettre aux autres. Les symptômes (les signes) de la tuberculose active sont la toux sévère, la perte de poids, la transpiration nocturne, la douleur thoracique et, même, la toux avec présence de sang. Environ le quart de la population mondiale souffre de la tuberculose latente (dormante). Heureusement, lorsque les personnes ont une tuberculose latente, ils ne peuvent pas infecter les autres. » « Mais quel soulagement! », s’est exclamée Dani, en se couvrant la bouche après avoir réalisé qu’elle l’avait dit à haute voix. La classe ricana.

« Écouter son corps pour s’assurer qu’il fait assez d’exercice et qu’il a assez de nourriture et de repos aidera votre système immunitaire à rester fort », a rappelé Mme Blanken. Ensuite, ils ont tous remercié l’aîné Fred d’avoir raconté son histoire. Il a de nouveau sorti son gros tambour.

Cette leçon est inspirée par l’aîné Fred John et le livre écrit par Monique Gray Smith, Our Spirits Listen, the Life and Contributions of Fred John (2014).

Glossaire des termes

La Loi sur les Indiens

En 1876, la Loi sur les Indiens est entrée en vigueur au Canada et a établi une distinction juridique entre les peuples autochtones et les autres Canadiens dans le but de les assimiler (changer les cultures des Autochtones pour qu’elles ressemblent à celles des colons européens du Canada). Cette loi permet aux Autochtones d’être traités différemment des autres Canadiens. De nos jours, elle continue à déterminer certains des droits, des choix et des possibilités pour les Autochtones du Canada.

Les pensionnats indiens

Pendant de nombreuses années (de 1894 à 1948), la Loi sur les Indiens a forcé les enfants autochtones du Canada à fréquenter les pensionnats, où plusieurs d’entre eux ont souffert d’isolement, de mauvais traitements et de maladies. Les pensionnats ont touché de nombreuses générations de familles autochtones. Les pensionnats ont existé au Canada de 1831 jusqu’à la fermeture de la dernière en 1996. On estime que plus de 150 000 jeunes Autochtones ont fréquenté ces écoles.

Les hôpitaux indiens

Durant le 20e siècle, le gouvernement fédéral a établi des « hôpitaux indiens » à caractère racial pour le traitement des Autochtones au Canada. Ces hôpitaux n’avaient pas assez de personnel ni de fonds pour offrir des soins de qualité. D’anciens patients de ces hôpitaux ont intenté un recours collectif contre le gouvernement fédéral pour obtenir une compensation financière et une reconnaissance officielle de la négligence du gouvernement dans la gestion des hôpitaux indiens.

La purification par la fumée

Chaque nation ou tribu autochtone sur l’île de la Tortue a ses propres pratiques traditionnelles. La partie nord de l’île utilise le terme « nation » et la partie sud « tribu ». Les deux termes réfèrent aux nations autochtones souveraines qui vivent sur l’île de la Tortue depuis la nuit des temps (des temps immémoriaux). De nombreuses nations ou tribus ont leurs propres pratiques traditionnelles, mais pas toutes. Un bol de purification est souvent une grosse coquille contenant des médicaments séchés. Une fois que ces derniers sont allumés par une allumette, une fumée s’y dégage. Celle-ci est bonne pour toi. Tu peux répandre la fumée sur toi avec une plume ou tes mains.

Auteurs

Shawna Duncan, auteure et artiste

J’espère que vous avez aimé les histoires et qu’elles vous ont aidé à en apprendre davantage sur la vaccination. Je suis une Kokum (grand‑mère) crie et anglaise de quatre enfants et quatre petits‑enfants. Mon défunt mari était Autochtone, Wolof, du Sénégal. Ma famille immédiate et élargie provient de différentes nations, vivant dans des communautés urbaines et rurales. C’est de cette façon que je rassemble mes histoires. J’imagine à nouveau ma famille et mes amis ainsi que mes différentes expériences dans ces histoires. J’ai fréquenté l’université pendant de nombreuses années alors que mes enfants grandissaient. J’ai deux diplômes de premier cycle et une maîtrise. Je suis artiste, graphiste, enseignante, conceptrice de programmes d’études et facilitatrice de la sécurité culturelle autochtone. Dans mes temps libres, j’aime faire du canoë, de la musculation, du conditionnement physique et du jiu-jitsu.

 

L’aînée Glida Morgan

L’aînée Glida Morgan vient de la nation Tla'amin. Elle a passé en revue cette histoire, a formulé des recommandations et a donné son approbation finale. L’aînée Glida habite en résidence à la Sheway and Vancouver Native Health Society. Elle est aussi la « Digital Elder » du First Nations Technology Council. Elle participe à des conseils d’administration et à des groupes consultatifs. Son amour pour le chant, la percussion et la musique gospel l’a amenée à chanter pour les personnes en soins palliatifs et celles dans les hôpitaux.

 

L’aîné Fred John

L’aîné Fred John est un membre respecté de la Nation Xaxli’p. Dans le livre Our Spirits Listen, the Life and Contributions of Fred John, il explique les conséquences de la tuberculose sur sa vie, le cheminement vers la guérison et la sagesse qu’il a maintenant acquise en tant qu’aîné. Pendant 20 ans, il a été un conseiller en matière de drogues et d’alcool pour adultes ainsi que le directeur administratif de l’Aboriginal Head Start Association de la Colombie-Britannique. Maintenant octogénaire, il n’a pas ralenti. Tu le trouveras jouant son gros tambour avec les enfants d’âge préscolaire ou passant du temps avec des jeunes, partageant ses connaissances avec des personnes aux prises avec un problème d’abus de substances ou offrant des enseignements culturels à ceux des hôpitaux locaux. Il travaille avec plusieurs groupes dans la région de Vancouver, y compris Eagles Nest, Singing Frog, Awahsuk, Sheway, la Vancouver Native Health Society et le Broadway Youth Resource Centre. 


 


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DERNIÈRE MODIFICATION
  Jun 22, 2020